Le Validisme, si on en parlait ?
« Tu es une personne valide et tu n’y as jamais tant réfléchi jusqu’à cette phrase ?
Tu te dis que ça doit être (trop) dur de vivre en tant qu’handicapé.e, genre tu pries pour ne (surtout) jamais l’être ?
Tu admires le courage quasi héroïque des handicapé.e.s ? (Mais Batman reste ton super héros)
Tu te rassures avec le Téléthon et ce que te racontent les médias quant aux avancées en matière de handicaps ?
Tu hésites à savoir si un.e handicapé.e est ultra débile ou hypra intelligent.e ? (Cherche encore...)
Tu as un.e pote handicapé.e et c’est trop cool pour toi de le dire ?
Tu es une personne handicapé.e et tu te sens dans une société faite pour et par les valides ? tu te demandes si le bug c’est toi ou cette société ?
Tu vois des marches partout ? (Ne te sens pas parano !)
Satan est en toi ? (Ouais ouais !)
T’es terriblement sexy et les valides ne le voient pas ?
Ton héros c’est le Dr Charles Xavier ?
... le validisme ça te concerne ! »
La culture du valide (occidental)
En 2001 une étude de l’INSEE recensait 12 millions de personnes handicapées, souffrant d’une incapacité ou d’une limitation d’activité en France. Cela représente plus de 18% de la population française ! Ah oui autant ?! Mais on ne nous les montre pas ! C’est aussi ça le validisme, l’invisibilisation des différences entre personnes.
O3 Experts est une entreprise adaptée composée de plus de 75% de salarié.e.s en situation de handicap, elle est de fait ambassadrice de ce sujet et a un rôle de sensibilisation et d’information sur des comportements récurrents validistes dans notre société face au non valides.
Le validisme est un traitement défavorable, une discrimination basée sur les préjugés. Cette notion part du principe que les personnes avec des incapacités (handicap visible ou non), mais également celles qui n’ont pas la « bonne » forme physique, la « bonne » apparence, les « bonnes » attentes sociales doivent être transformées pour mieux correspondre à la norme. Cette norme place le valide comme un modèle, et demande aux personnes en situation de handicap ou a minima doivent ne pas montrer leurs différences pour ne pas troubler l’ordre social avec leurs marqueurs de différences.
Le collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation (CLHEE) pose dans son manifeste la définition suivante : « Le validisme se caractérise par la conviction de la part des personnes valides que leur absence de handicap et/ou leur bonne santé leur confère une position plus enviable et même supérieure à celle des personnes handicapées ».
Par conséquence les comportements validistes peuvent être de différentes natures, soit directement hostiles en associant le handicap à un manque, un déficit, de la laideur… ou alors avec de bonnes intentions qui peuvent aller de la compassion condescendante à la survalorisation de l’ « exception » !
Dans ces deux cas, la personne en situation de handicap est perçue comme « hors norme » ce qui provoque un processus d’exclusion basé sur l’intériorisation d’un sentiment d’infériorité sociale.
Mais alors, comment sortir de ce schéma bien intégré dans notre société ?
En changeant les mentalités et le regard porté sur la norme sociale,
en reconnaissant le privilège de sa « validité » sans en faire une supériorité,
en prenant conscience de cette notion et en veillant chacun à ne pas « tomber » dans ces schémas sociaux,
en combattant la bienveillance limitante, en se questionnant, avant de pousser le fauteuil roulant d’une personne dans un bus, d’attraper le bras d’une personne mal voyante (souvent plus autonome que ce qu’on s’imagine) de savoir si cette personne souhaite mon aide, souhaite qu’on touche son fauteuil ou son bras sans lui avoir demandé ou si avec ce geste je ne contribue pas à valoriser le valide comme norme ?
Chaque personne n’est-elle pas censée être traitée comme l’égale de l’autre ?
Pour aller plus loin : https://infokiosques.net/IMG/pdf/validisme.pdf
